Le carillon à timbres

Le carillon à timbres

 

Présentation

Le carillon à timbres est une horloge bien spéciale en somme, puisqu’elle ne comporte ni cadran, ni aiguilles. Toutefois, un gros mécanisme déporté se trouve sous le portail ; il actionne les trois timbres de la façon suivante : le gros timbre sonne les heures, le timbre moyen les demi-heures, le petit timbre les quarts d’heures. Et tout cela fonctionne ainsi depuis… 1734 !

Histoire

Le carillon à timbres du château de Selles sur Cher, date de 1734. En effet, nous retrouvons deux fois cette date :

  • Gravée sur le gros timbre
  • Gravée sur une pierre avec ce qui semble être le nom du maçon

Nous expliquons plus bas, pourquoi le carillon à timbres du château de Selles sur Cher a été installé en 1734.

Ce qui nous fascine aujourd’hui, est l’ingéniosité des constructeurs pour assembler toutes ces pièces : en effet, les soudures, les vis, et autres boulons n’existaient pas encore. Il faudra attendre 1760 pour que les Géo-Trouvetou les inventent !

 

Pourquoi ce carillon à timbre a-t-il été installé en 1734 ?

Cette date correspond à l’année de la disparition de Cardin le Bret, propriétaire du château et premier président du parlement de Provence. Homme d’Etat, estimé de Louis XIV et de Louis XV, mais aussi des populations qui l’ont connu. Il a, en effet, beaucoup contribué à combattre l’épidémie de peste de 1720 qui s’abattit sur Marseille et sa région. Cardin le bret était un homme de bien.
Voilà pourquoi, nous pensons que le carillon à timbres a été installé en 1734.

 

Un carillon à timbres, qu’est-ce-que c’est ?

Le carillon est donc un ensemble composé de 3 timbres (cloches) frappés de l’extérieur par un marteau. L’ensemble est suspendu au campanile. Le mécanisme déporté juste au-dessus de vous actionne le carillon qui a pour fonction de rythmer la vie du château en sonnant les 1⁄4, les 1⁄2 et les heures, du lever au coucher du soleil.
Enfin, le mécanisme à foliot, retrouvé miraculeusement complet, en place depuis 1734, a toutes ses pièces d’origine. C’est, en outre, une oeuvre exceptionnelle d’art horloger.

 

Le carillon à timbres fonctionne-t-il encore ?

  • Sa remise en état a nécessité 240 heures de travail à Lionel Ollivon en 2017. Campanologue passionné, Lionel cumule, outre ses connaissances précises de l’histoire des cloches, un savoir-faire rare dans le domaine de la remise en état de ces horlogeries historiques.
  • 150 pièces en fer forgé composent l’ensemble horloger.
  • Nous avons employé 30 litres de vinaigre de cidre pour son nettoyage, avant de le brosser à la paille de fer, puis le protéger par un vernis antioxydant.
  • Sa masse est d’environ 250 kilogrammes, y compris les 3 contrepoids.
  • Nous actionnons manuellement 3 manivelles pour remonter le mécanisme.
  • L’autonomie est d’environ 30 heures.
  • La course des contrepoids (3 x 40 kg) est de 10 mètres.
  • Toutes les pièces de l’horloge sont maintenues par des clavettes, des queues d’arondes ou matage.
  • Ni vis ni soudure (le système écrou/boulon ne sera industrialisé qu’en 1760).
  • Les 3 timbres fondus sur place en 1734, sont marqués d’un écu, signature du fondeur.
  • Le plus gros timbre en airain (bronze : 78 % Cu – 22 % Sn) sonne le LA. Il donne les heures.
  • Sur sa robe porte en relief sa raison d’être. Le texte est en latin. Nous vous en donnons la traduction plus bas.
  • Le moyen en acier, sonne les 1⁄2 heures.
  • Le petit en acier, anépigraphe, sonne les 1⁄4 d’heures.

 

Comment fonctionne le carillon à timbres ?

Nous procédons à la mise à l’heure de l’horloge en repositionnant la roue des heures manuellement. Le soleil au zénith indique midi. (cadran solaire)
Un peu de patience, l’horloge va bientôt sonner… En attendant…

Savez-vous répondre à ces devinettes ?
• Combien de temps après son installation, le mécanisme a-t-il été restauré ?
• Quel est le temps moyen passé par le campanologue à restaurer chaque pièce du mécanisme ?

 

 

Les inscriptions latines :

L’inscription latine sur le gros timbre du carillon fait le plus grand éloge de Cardin le Bret. Il a été premier président du parlement de Provence de 1704, jusqu’à sa mort vingt ans plus tard, a, en outre, exercé des pouvoirs militaires importants, de même qu’il a fait preuve de beaucoup de générosité envers le peuple, qui l’aima beaucoup. Il est mort en 1734 à Aix-en-Provence, sans doute l’occasion de la fabrication de cette cloche. Par ailleurs, il fut créé comte de Selles en 1727.

VIR IVRIS PERTIA MAGNVS PROBITATE MAIOR RELLIGIONE
MAXIMVS
SELLENSIS MVNIFCENTISSIMVS AQVENSIS SENATUS PRAESES
SVPREMVS
EIVSDEM QUE PROVINCIAE PRAEFECTVS ET PROREX OPTIME
MERITVS REGI A SECRETIORIBVS CONSILI IS IPSIQVE AC
PROCERIBVS IVRE MERITO ACCEPTISSIMUS PAVPERUM
PARENS POPVLI DELICIAE FIERIME VOLVIT ANNOSALV IS 1734

Traduction

Un homme (Cardin le Bret, grand par sa connaissance du droit, plus grand par sa probité, le plus grand par sa religion,
Sellois d’une extrême générosité, président du sénat d’Aix, et préfet de cette même province,
Lieutenant du roi ayant rendu les plus grands services à celui-ci par ses conseils secrets et très apprécié à juste titre du roi lui-même et des grands.
Père des pauvres et délices du peuple, a voulu qu’on me fasse (c’est la cloche qui parle !) en l’an de grâce 1734.

Carillon du château de Selles sur Cher, détail en fer forgé et clavette
Carillon du château de Selles sur Cher, la roue des heures
Carillon du château de Selles sur Cher, une clavette en fer forgé
château de Selles sur Cher