Pavillons Dorés

Les Pavillons dorés

Les Pavillons Dorés sont ouverts à la visite guidée pendant les journées du Patrimoine

 

Les fameux Pavillons Dorés du château du château de Selles sur Cher ont vu le jour dès le début du grand chantier de construction du château voulu par Philippe de Béthune.

 

Car, il fallait bien que le comte se logeât quelque part. Il utilisa une partie de l’ancien château médiéval remanié aux XVe et XVIe siècles.

Philippe de Béthune s’y fit aménager des appartements dignes de son rang, en faisant surélever les toits, construire de magnifiques cheminées très ouvragées, et décorer les murs de superbes peintures.

C’est à travers les fenêtres ouvrant sur l’est, que Philippe de Béthune surveillait la construction de son château.

Homme de relations, ses séjours répétés à Rome lui avaient permis de constituer un réseau de connaissances. Notamment dans les milieux artistiques, qu’il affectionnait particulièrement.

Ainsi, aurait-il fait appel à des peintres italiens pour décorer les murs de sa demeure provisoire. Rien n’est moins sûr : on pense également que Philippe de Béthune aurait fait appel à des maîtres de l’Ecole de Fontainebleau.

Michelangelo Merisi da Caravaggio (1571 – 1610)

Il est un peintre que Philippe de Béthune affectionnait particulièrement, malgré sa réputation douteuse : Michelangelo Merisi da Caravaggio. En effet, Philippe de Béthune, grand amateur d’art, entrevit le génie du peintre. C’est ainsi qu’il acquit quelques toiles du Caravage. Notamment ces deux copies exposées dans notre petite galerie au rez-de-chaussée du Pavillon Béthune. Ces toiles sont titrées : la cène à Emmaüs et l’Incrédulité de saint Thomas. Les originaux ou présumés tels, sont visibles à l’église saint Antoine de Loches (37).

Ses appartements étaient constitués d’une chambre dite cabinet de travail, dont le plafond en résille compte 162 caissons. Sans doute peints de motifs dorés sur fond bleu, masques divers, rosaces et écu de Béthune au centre.

Une vaste cheminée aux allégories guerrières chauffait la pièce.

Ensuite, un petit corridor richement peint d’allégories et de devises latines sur fond d’or. Vingt-huit caissons composent le plafond.

Juste à gauche, une petite chapelle aménagée dans l’ancienne chambre de défense de la barbacane médiévale, d’où l’on maniait la herse du pont-levis. Une résille orne le plafond de quarante caissons peints de visages d’enfants.

 

Pour finir, une chambre analogue au cabinet de travail, comportant la même cheminée ornée, cette fois, d’allégories de paix. Une autre résille pare le plafond de deux-cent-soixante-sept caissons dans le même style que le cabinet de travail.

C’était sans doute la chambre de Philippe de Béthune. Chambre, ainsi qu’on l’entendait au XVIIe siècle, c’est à dire une pièce à usages multiples : cabinet de travail, salle à manger, salon, cabinet de toilette, chambre à coucher…

Peintures murales du XVIIe siècle situées dans les Pavillons Dorés du château de Selles sur Cher
Peintures murales du XVIIe siècle situées dans les Pavillons Dorés du château de Selles sur Cher
La cheminée dorée du cabinet de travail de Philippe de Béthune dans les Pavillons Dorés
château de Selles sur Cher
Décor à l'antique peinture XVIIe ocre et personnages en médaillons sur fond bleu
Détail du plafond en résille qui compte 162 caissons
Citation latine peinte de couleur dorée sur fond bleu.

L’Ecole de Fontainebleau

François 1er on le sait est fasciné par la Renaissance italienne. Il veut décorer Fontainebleau – sa résidence favorite – dans ce style. Aussi, fait-il appel à des décorateurs italiens, qui seront au fil des ans secondés par des Français et des Nordiques. C’est ainsi que le chantier de Fontainebleau donne naissance à une école artistique qui connaîtra une renommée internationale. Peinture, sculpture, architecture, gravure, se développent à partir de l’art italien, puis divergent vers une manière plus française.

La statuaire antique a une grande influence sur le style de l’école de Fontainebleau. Par ailleurs, de François 1er à Henri IV, les rois de France développent un important mécénat artistique largement inspiré de la Renaissance italienne. C’est exactement ce que nous retrouvons ici, sur les murs des Pavillons Dorés : des personnages directement inspirés de l’Antiquité.
On a cru que PPB, avait fait venir ici, en résidence, des peintres italiens pour décorer ses appartements. Des experts pensent que des décorateurs de l’école de Fontainebleau ont pu être mandatés pour effectuer ce précieux travail, car le style employé rappelle davantage celui de Fontainebleau.

Les sous-bassements muraux peints au début du XVIIe. Il s’agit bien ici de peintures murales, non pas de fresques. C’est la technique d’application qui fait toute la différence. En effet, dans la technique de la fresque, les pigments sont appliqués sur un revêtement encore frais, humide, de sorte qu’ils s’intègrent dans la masse.
A la différence des peintures qui viennent recouvrir un revêtement parfaitement sec.
Bien qu’abîmés, ces personnages à l’antique sont encore très reconnaissables.
Les recherches des archives ne nous ont pas encore permis d’en connaître les artistes.

Les plafonds à caissons et les cheminées

 

Le plafond à caissons a une fonction très décorative. Près de 500 caissons ornent les 4 plafonds de cet ensemble ! La technique du plafond à caissons est très à la mode de la Renaissance au Baroque. Elle crée l’illusion plus ou moins réelle que le plafond est traversé de poutres qui se croisent. Il donne du cachet à l’habitation et montre en même temps le statut social du propriétaire. Les caissons sont joints par des petites rosaces de bois dorés, dont seules quelques-unes subsistent aujourd’hui. Tous les visages représentés sont différents. Nous ignorons de qui il s’agit. Notez le signe infini, ou symbole de fidélité peint sur toutes les traverses.
Observez le caisson central comportant les armes de PPB.

Le plafond du petit corridor comporte 28 caissons.

Celui de l’oratoire en compte 40. Ce ne sont que des visages d’enfants qui le composent et là encore, chaque visage est différent. Lieu de prière et de recueillement, les visages d’enfant symbolisent la pureté et l’innocence.

Le plafond de la chambre de Philippe de Béthune est orné de 267 caissons. On y retrouve le même ordonnancement que dans le bureau. Et toujours au centre, les armes de Philippe de Béthune.
Ce qui frappe de nos jours, c’est l’extraordinaire état de conservation de l’ensemble de ces peintures.

Les deux cheminées monumentales

La cheminée du bureau, autrefois toute dorée, date du XVIIe siècle. Elle est ornée de cornes d’abondance et de petits guerriers. En effet, Philippe de Béthune a été formé, notamment, aux métiers des armes.

Au centre le chiffre de Philippe de Béthune, tandis qu’aux extrémités du manteau, nous lisons HP entremêlé : Hippolyte fils aîné de Philippe. La petite couronne comtale surmontée de 16 perles, dont 9 sont visibles, que l’on aperçoit sur le chiffre HP de gauche est un essai de restauration. En effet, les attributs de noblesse ont été gommés à la Révolution, précisément en 1793.

La cheminée de la chambre est le pendant de celle du bureau. Ici, toujours des cornes d’abondance, agrémentées de petits cupidons.

Citations latines et projets de restauration

Philippe de Béthune fut un grand homme d’Etat, trop méconnu de nos jours. Après une carrière d’homme d’armes, mais aussi d’homme de robe, il fut nommé ambassadeur par Henri IV et Louis XIII. Ses nombreuses ambassades le menèrent à Roma entre autre, où il fit plusieurs séjours.

Sa grande érudition, son amour des arts et des écrits lui conférèrent une sagesse que l’on peut lire encore aujourd’hui, en latin, sur les murs de ses appartements provisoires.

Les citations latines :

  1. SUMMUM DIEM NEC METUAS NEC OPTES
    « Ne crains pas ni ne souhaite ton dernier jour » dans la langue du poète Martial.
  2. NULLUS EX OMNI PARTE BEATUS
    «  Personne n’est heureux en toutes choses « OU «  personne n’est saint en toute chose «
  3. MAXIMA VIRTUS EST NOSCERE SEIPSUM ET FERE NEMO IN SESE TENTAT DESCENDERE
    « La plus grande vertu est de se connaître soi-même et de faire en sorte que presque plus personne n’essaye de pénétrer en soi «
  4. NON EST VIRI SAPIENTIS TIMERE MORTEM QUIA CER(P)TA EXPECTANTUR DUBIA METUUMTUR MORS ENIM HABET NECESSITATEM AEQUAM ET IN VICTAM
    «  On ne peut qu’attendre les choses qui doivent arriver, comme on ne peut craindre ce qui est certain. C’est donc folie de redouter la mort qui est d’une nécessité égale pour tous et dont rien ne saurait triompher « 
  5. QUI DESIDERIUM SUUM CLAUSIT CUM QUOCUMQUE DE FELICITATE CONTENDIT (cheminée de la chambre)
    « Celui qui a éliminé tout désir, connaît la Félicité en toute chose «
  6. MULTI CORAM MUNDO JUSTI SED CORAM DEO NEMO SINE CRIMINE VIVIT (cheminée bureau)
    « Beaucoup peuvent sembler justes aux yeux des hommes, mais au regard de Dieu, personne n’est sans pêché.
  7. OMNEM CREDE DIEM TIBI DILUXISSE SUPREMUM. GRATA SUPERVENIET, QUAE NON SPERABITUR HORA.
    « Tiens pour ton dernier jour, chaque jour qui te luit, Bénis–en la faveur et l’heure inespérée »
  8. NASCENTES MORIMUR FINISQUE AB ORIGINE PENDET
    « L’instant qui nous voit naître a déterminé celui de notre mort «

 

Les Monuments Historiques ont déjà réalisé deux inventaires de ces peintures. Les restaurations demanderont beaucoup de temps, et seront effectuées par des experts.

  • Remise au jour des peintures encore cachées sous les couches de revêtements muraux.
  • Analyses et datations des pigments, restauration des peintures abîmées.
  • Protection physique
    Tout cela est dans nos projets.
    Nous ne pouvons pas ignorer ce legs que nous a fait Philippe de Béthune, nous avons l’obligation morale de le conserver pour les générations futures.
    Un projet de restauration pourrait intervenir dans les années 2020.
château de Selles sur Cher